L’espace personnel de chacun

21 mai 2016 par sosoduret@hotmail.com

T. HALL a montré qu’il y avait autour de nous une surface, « une bulle », une zone émotionnellement forte ou encore un périmètre de sécurité individuel. Celui-ci est plus important en face de nous que sur les côtés ou par derrière. Chacun défend, à sa manière et selon ses normes culturelles, son espace personnel.Toute intrusion de l’espace personnel sera vécu différemment selon les liens socio-affectifs en jeu, les normes sociales et culturelles en cours, le statut social, le sexe, l’âge, l’état psychologique de l’individu et bien sûr le contexte situationnel.

Outre l’espace personnel qui constitue une sorte de coquille psychologique autour de l’individu et se déplace avec celui-ci, il existe « le territoire personnel », qui est un espace fixe, objectivement délimitable, que l’individu possède ou contrôle, utilise en exclusivité, de manière temporaire ou permanente (la maison, l’automobile, le bureau..). Le comportement territorial est important non seulement comme forme d’utilisation et d’occupation d’un espace, mais également comme moyen de communication avec autrui. Le comportement territorial permet à l’utilisateur de se protéger contre les ingérences et les indiscrétions. La territorialité est fondamentalement un mécanisme de régulation de notre frontière avec autrui, ce qui explique la personnalisation et le marquage.

La notion de comportement territorial est liée à celle de distance interpersonnelle. La proxémique est la distance physique qui s’établit entre des personnes prises dans une interaction. Cette distance est variable à la fois en fonction de chaque personnalité, culture et en fonction du type d’interaction, du statut des interlocuteurs, de leur degré d’intimité.

Au fil des jours et des situations, j’ai observé mon comportement territorial et je vous invite à explorer le votre. Différentes expériences ont montré que la distance est différente selon l’image que l’on se fait de l’autre. Il est vrai que lorsqu’une personne me paraît sympathique, je n’ai pas de mal à être proche d’elle (j’ai pu expérimenter cela dans un sauna) ; en revanche si la personne me semble antipathique, je m’éloigne d’elle au maximum. Je ne fais pas de différence en terme de distance, entre hommes et femmes ;le sport et notamment le judo, favorisant les activités mixtes, a levé le tabou du toucher. Si l’on ajoute à cela mes origines latines, on comprend que je communique facilement en zone intime et personnelle et que je touche mon interlocuteur lorsque je me sens en confiance. Mais j’ai conscience que ce geste peut être vécu par l’autre comme une violation de son territoire personnel.

En revanche, ce qui va modifier la distance à laquelle je me positionne c’est le statut, la position hiérarchique. Je me place plus loin d’un supérieur hiérarchique que d’un pair. Ainsi, il existe une relation entre la distance sociale et la distance spatiale. Aussi, je me suis rendue compte, que malgré mon besoin de contact, d’échange, je déteste parfois qu’on vienne empiéter sur mon territoire, notamment en montagne et à la plage où je n’aime pas que l’on vienne s’installer juste à côté de moi ; j’aime garder un espace libre entre moi et les autres groupes et ne pas être gênée par leurs bruits. Au cinéma, comme dans le train, j’aime avoir un siège libre de chaque côté (j’y dépose donc mon sac et ma veste) et que personne ne vienne s’y installer ou j’ai le sentiment qu’on viole mon espace personnel. Lorsque je suis assise à une table (de bibliothèque par exemple) j’éprouve plus de gêne si une personne vient s’installer à côté de moi, plutôt qu’en face. Je ressens cela comme une offense territoriale, notamment parce que rien ne nous sépare. Quand je discute j’ai besoin d’une certaine distance, si je suis trop prêt je ne vois pas mon partenaire, son visage est déformé et j’ai du mal à communiquer. En salle de sport, je ressens une offense territorial lorsque je sens les odeurs corporelles, de transpiration ou d’haleine des gens qui sont trop proches de moi. Dans un ascenseur, je parle moins si on est côte à côte, car en face à face il y a des échanges de regards qui m’incitent à la communication, à engager le dialogue. Si je discute dans une grande salle où il y a d’autres personnes en fond, je vais me rapprocher de mon interlocuteur ; alors que si je discute dans la cuisine avec ma mère et que nous sommes que toutes les deux, je serais plus éloignée. Contrairement à l’intimité de la relation, l’intimité du contexte augmente la distance entre deux personnes.