Le suicide

3 avril 2016 par sosoduret@hotmail.com

 

Le suicide a toujours dérangé. Il questionne le sens de la vie, de la relation aux autres ; il est une violence retournée contre soi. Alors, comment expliquer le suicide ? Comment comprendre ce passage à l’acte, ce désir de mort ? Le suicide apparaît chez le suicidaire comme l’unique solution à sa souffrance, comme le seul soulagement possible.

S’il n’y a pas une seule cause de suicide, on peut identifier en revanche certains facteurs à risque. Parmi ces facteurs, il y a bien sûr l’environnement (les facteurs externes, sociaux et familiaux) qui soumet les hommes à des événements traumatisants (deuil, divorce, célibat, séparation ; chômage, retraite ; absence de vie sociale, isolement ; maladie chronique, handicap etc..) ; cependant, face à un même traumatisme, deux personnes ne réagiront pas de la même façon : l’une se suicidera, l’autre non. Il y a donc également des facteurs internes, liés à la personne, à sa personnalité et à son histoire personnelle, affective.

Le traumatisme et la souffrance sont relatifs, leur perception et leur évaluation hautement subjectives. Quand la maladie mentale, la dépression, la dépendance à l’alcool ou la drogue ou tout autre trouble psychopathologique mine la flexibilité mentale et la faculté d’adaptation, toutes les défenses sont en péril. Il est important de préciser que le suicide se retrouve dans les 3 types de structures psychopathologiques : névrotique (hystérie et dépression), psychotique (mélancolie, psychose maniaco-dépressive) et psychopathe.

La maladie mentale est donc le premier facteur de risque de la tentation suicidaire. Les états psychopathologiques qui joue un rôle dans le passage à l’acte sont :

*les troubles de l’humeur (dépression et trouble maniaco-dépressif) : il importe de souligner que même dans le cas de graves maladies physiques, la plupart des suicides sont dus à une dépression connexe. Ceux qui se donnent la mort souffrent presque toujours d’une forme de dépression. Parce qu’ils ôtent toute joie de vivre et qu’ils s’accompagnent d’une forte dépréciation de soi, les états dépressifs favorisent le passage à l’acte suicidaire. Selon M.L. Bourgeois, 90% des personnes dont la mort est liée à un suicide souffraient de troubles mentaux, au 1er rang desquels une pathologie dépressive, dans 50 à 80% des cas.

*la schizophrénie : le risque de suicide est très important chez les schizophrènes puisque plus de 50% d’entre eux réalisent au moins une tentative de suicide dans leur vie.

*les troubles anxieux et la névrose hystérique

*les troubles de la personnalité borderline et psychopathe

Chez les sujets âgés, il faudrait citer également en ce qui concerne la psychopathologie, la démence présénile et l’état confusionnel.

*la dépendance à l’alcool et à la drogue.

Il faut retenir le facteur de comorbidité et le fait que ces facteurs peuvent se cumuler et augmenter le risque suicidaire. Un sujet suicidaire peut à la fois avoir une personnalité psychopathe et être dépendant à la drogue, par exemple. Les rapports entre l’alcool, la drogue et la maladie mentale constituent une spirale infernale.

 

On peut donc classer les facteurs à risques en 2 catégories :

*Les facteurs primaires : ce  sont des facteurs sur lesquels on peut agir, ils ont une valeur d’« alerte ». Ce sont les antécédents personnels (tentatives de suicide précédentes, troubles de l’humeur), les antécédents familiaux (si des proches se sont suicidés, cela peut prendre une valeur d’« exemple ») et les troubles psychiatriques avérés (schizophrénie, toxicomanie, alcoolisme, etc.).

*Les facteurs secondaires : ce sont des facteurs sur lesquels on peut faiblement agir, et qui n’ont en soi qu’une faible valeur prédictive, sauf associés à des facteurs primaires. Il s’agit essentiellement de la situation sociale (isolement, solitude, chômage) et d’événements passés traumatisants (deuil, abus sexuels, séparation, maltraitance).

La psychanalyse s’est efforcée de mettre en évidence les ressorts inconscients de l’acte suicidaire. En postulant l’existence d’un instinct de mort aussi puissant que l’instinct de vie, Freud bâti la première théorie psychanalytique du suicide. Il explique que l’homme vient au monde « déjà divisé contre lui même » par la dualité de ses instincts. Cette cohabitation forcée serait la cause de nos tourments. Le désir de mort viserait un état permettant à des tensions psychiques vécues comme douloureuses, de trouver un apaisement.

Karl Menninger a tenté de donner une interprétation générale du suicide à partir  des théories freudiennes. Selon lui le suicide doit être considéré comme une forme particulière de mort où se mêlent 3 éléments : le trépas, le meurtre, l’exécution.

–le désir de tuer : le désir de tuer est une réaction instinctive pour supprimer une menace ou une privation. Cette réaction est combattue en particulier par des sublimations où l’objet haï devient l’objet d’amour. Une vie normale consiste à projeter haine et amour vers l’extérieur. Mais certains traumatismes (perte d’objet) peuvent accroitre la quantité d’énergie disponible pour l’amour ou la haine, énergie qui retourne à son point d’origine, au Moi. Dans le suicide, le Moi est en effet traité comme un objet extérieur.

 

On peut souligner le rôle de l’introjection : l’acte suicidaire est en fait dirigé contre quelqu’un d’autre, introjecté, qui ne peut être agressé directement.

Donc le désir de tuer est une réaction instinctuelle qui, à l’occasion d’une rupture des attachements extérieurs, se trouve libérée et se retourne contre le Moi comme objet substitutif du meurtre.

–le désir d’être tué : dans les automutilations qui précédent ou accompagnent certains suicides, on peut voir la trace d’une culpabilité inconsciente. Le Moi doit souffrir en proportion directe de l’agressivité qu’il développe vers l’extérieur. Ce châtiment qu’on estime mériter naîtrait d’un Moi affaibli par le Surmoi.

–le désir de mourir : recherche d’un état de bien être, de détente profonde, de satisfaction, comme dans le sommeil, désir d’absence de tensions qui peut se doubler d’un désir de renaissance.

 

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