21 juin 2016 par sosoduret@hotmail.com
Les actes manqués s’appuient, comme pour le rêve, sur les préoccupations psychiques que peut avoir une personne au moment de la réalisation de ces « erreurs », ou peu de temps auparavant. Ces idées qui occupent le sujet sont inconscientes et vont interférer, malgré lui, sur son comportement. L’acte manqué est donc, tout comme le rêve, le résultat d’un compromis. Dans l’expression « acte manqué », on a le mot « manque », donc « besoin, désir » qui souhaite s’accomplir, d’où la mise en « acte ».
Alors que le rêve est le compromis entre le désir et la réalité, l’acte manqué est le résultat de tendances différentes qui surgissent au même moment au niveau psychique. L’intention consciente du sujet, de faire ou de dire quelque chose, va être troublée par une intention qui se situe à un niveau non conscient et qui va perturber l’action en cours.
L’acte manqué peut être considéré comme étant un comportement symbolique du fait qu’il exprime de façon travestie, les pensées latentes d’un sujet. Les actes manqués résultent de compromis : le refoulement est à moitié manqué et à moitié réussi. Tout comme le rêve, c’est une porte d’accès vers l’inconscient.
Tout ce que nous n’osons pas nous avouer arrive quand même à travers ces actes manqués : ils font advenir les désirs forts que nous avons du mal à assumer.
Exemple/témoignage d’acte manqué : Un couple qui vit depuis deux ans ensemble.
« Nous nous promenions à Annecy et Nicolas m’a offert une paire de boucles d’oreilles. Je les ai portées de suite mais à peine sortie du magasin, j’en perds une qui tombe sur mon écharpe. Je la rattrape de justesse et la remets à mon oreille. Quelques rues plus loin, je m’aperçois que j’ai reperdu cette boucle d’oreille, il ne m’en reste qu’une. J’effectue le chemin parcouru en sens inverse pour la retrouver, en vain.
Pendant ces vacances, notre couple allait très bien ; pourtant ce n’était que passager car les mois auparavant avaient été très conflictuels et nous nous étions déjà séparés, « désunis ». Juste avant les vacances, j’avais accepté de nous donner une dernière chance et tout semblait bien aller pendant ce séjour à Annecy. Mais inconsciemment, je pense que je souhaitais me séparer de Nicolas. En analysant cet acte manqué je n’ai donc pas été surprise du désir inconscient qu’il manifestait, un désir de désunion. On essayait de recoller les morceaux mais cet acte manqué me montre qu’au fond de moi la séparation était envisagée et il n’est pas étonnant de constater que je me suis séparée 2 mois plus tard. »
Dans cet exemple, on observe les mêmes mécanismes que dans le rêve.
Tout d’abord la condensation, puisqu’en un seul objet sont concentrées plusieurs idées. Ici à la paire de boucles d’oreilles sont associés le couple, la relation entre deux êtres, une séparation, une mésentente, des mois de conflits. On voit également le déplacement : au lieu que la femme dise « on ne s’entend plus, il faut qu’on se sépare », elle perd la moitié de la paire, sa moitié. L’affect libéré est déplacé sur une autre représentation. La représentation inconciliable (la séparation, la désunion du couple) est substituée à une autre par voie associative : la boucle d’oreille.
En cet acte, la perte de l’objet, se condense la charge des désirs, en ce geste dérisoire se trouve déplacée et déguisée, une pulsion refoulée, décisive pour la jeune femme. En ce détail anodin se trouve déplacé un désir central, celui de quitter son partenaire, sa moitié, de désunir la paire. Enfin, on remarque également la symbolisation : une paire de boucle d’oreille qui symbolise le couple, chaque boucle est une personne.