CULTIVER LE DESIR ET COMBATTRE LA ROUTINE (partie 3)

10 juin 2020 par sosoduret@hotmail.com

 

Le sexe, cela s’apprend aussi !

Ne croyez pas, parce que la sexualité est quelque chose de naturel, qu’il n’y a rien à apprendre et qu’il suffit d’écouter son instinct. Sans doute existe-t-il des êtres au désir brulant et au feeling particulièrement heureux qui trouvent spontanément le chemin de la sensualité de l’autre. Sauront-ils pour autant entretenir la flamme ? Quant aux autres, la majorité, ils n’atteignent pas, dans l’échange érotique, l’optimum de bonheur auquel ils pourraient prétendre. Avec leur partenaire seulement 44% des femmes obtiennent l’orgasme par stimulation clitoridienne et 30% par coït, alors qu’en solitaire, par masturbation, 95% y arrivent. C’est que l’homme bien souvent ignore cruellement la sensualité de sa compagne et que la femme elle-même ne se prépare guère à cette rencontre. Il est donc nécessaire de bien connaitre, d’abord, sa propre sexualité, ses organes, ses zones érogènes et leur fonctionnement. Cela se découvre et s’apprend.

Comment peut-on s’assurer un plaisir optimal sans se connaitre ? Et comment peut-on apprendre au partenaire ce qui nous donne le plus de plaisir, ce que nous souhaitons qu’il fasse et la façon dont il doit s’y prendre sans le savoir soi-même ? Si vous laissez à l’autre la charge de deviner ce que vous-même ignorez, ne vous étonnez pas d’être frustré.

Savoir comment le plaisir nait, s’élance, éclate, en soi et chez son partenaire, amplifie notre volupté et par conséquent notre désir, car rappelons-le, le désir se nourrit du souvenir des plaisirs. Si notre mémoire a enregistré le merveilleux de l’extase, l’envie de recommencer grandit ; si elle a retenu l’amertume des frustrations, l’envie et le désir périclitent. C’est en cultivant le plaisir qu’on entretient le désir.

La vie sexuelle avec une même personne peut être, si on le veut, toujours palpitante et gratifiante. Les 2 partenaires peuvent rester longtemps de vrais amants. Il s’agit d’une lutte anti-routine :

-être en forme

-rester désirable : en préservant sa part de mystère (être quelqu’un qu’on ne peut “connaitre par cœur », qui n’est pas totalement prévisible. Lorsque l’autre demeure quelque part inconnu, insaisissable, cela fascine, excite, garde le désir de l’autre vivant. Inversement, si le partenaire est une vitrine offerte, s’il est tout à fait lisible et prévisible, le désir s’effrite.

(psychologue psychothérapeute aix les bains)

COMMENT ?


1-préserver sa liberté :

on ne désire tant que ce qui nous échappe (ce qu’on réussit à mettre en cage, on s’en désintéresse bientôt). C’est pour être sécurisé qu’on fait tout pour attacher l’autre, mais le problème c’est qu’en se sécurisant, on tue le désir. Pour continuer à désirer l’autre il nous faut le laisser indépendant ; or notre besoin d’amour le veut dépendant. Paradoxe du désir. Comment être désirant-désiré sans être enfermant-enfermé ?
2-ne pas tout dire :

il ne s’agit pas de faire des cachotteries, mais ne pas trop dire (déclaration d’amour), ne pas toujours dire, laisser sur la faim, le doute. On peut bien sûr réprouver cette tactique et préféré la spontanéité et la transparence totale et immédiate. Mais c’est encore une loi cruelle du désir : l’insécurité est le ferment de l’amour ainsi que du désir.
3-éviter le fusionnel :

vivre en permanence dans la fusion comporte des risques de lassitude et de désamour. Ne faire qu’un toujours, tout posséder de l’autre, tout savoir de l’autre, cela parait être le bonheur. Ça l’est un temps mais on s’aperçoit un jour que l’intérêt réciproque décroit. La fusion, quand elle est permanente, c’est la mort du désir.
4-entretenir son jardin privé :

ce n’est pas avoir une double vie ni des secrets honteux. Avoir son jardin privé veut dire continuer d’exister et d’évoluer en tant que personne à part entière : développer ses pensées, apprendre, développer ses connaissances, se réaliser dans ses dons artistiques, murir ses projets. Cela nécessite d’avoir des plages de temps à soi, un lieu où l’on puisse se retirer et se retrouver seul avec soi. Quand on revient dans l’espace commun, on a bien plus de choses à raconter !

 

5-se renouveler :

pour éviter l’ennui il est important de se renouveler et s’enrichir sans cesse. Si notre personnalité s’enlise, s’enroutine, elle devient moins attrayante et surtout les sujets de conversation s’épuisent !
6-manifester son plaisir :

exprimer le plaisir que l’on ressent à son partenaire et lui confier ses désirs. En matière d’érotisme, il ne faut pas craindre de demander clairement ce que l’on aime ou aimerait : telle caresse, telle mouvement, telle position. Montrez-lui comment vous faites, vous, guidez le.
7-varier les plaisirs :

VARIER : voilà bien le maître mot de la campagne ANTI-USURE. L’imagination sera donc votre meilleure arme contre la routine. Fuyez le prévu, le connu, l’habituel, le normal. Recherchez l’imprévu, l’inconnu, la fantaisie ; favorisez la découverte, la spontanéité. Inventez, surprenez, étonnez. N’enfermez pas l’amour dans des horaires, dans la chambre. Tout endroit et moment est propice quand le désir se lève. N’enfermez pas la volupté dans l’enclos du sexe : explorez toute la surface du corps, de la peau ; n’enfermez pas le sexe dans le coït : laissez vos doigts, la verge, la vulve, se promener là ou ils ont envie.
8-sensualité et sensualisme :

la sensualité c’est la capacité qu’à notre corps de percevoir, grâce aux organes des sens, un nombre incalculable de sensation. Dans la relation amoureuse on se contente trop couvent des seules sensations procurées par nos organes sexuels. Pourtant, la sensualité est le meilleure moyen de nous protéger de la lassitude et de prévenir l’usure. Alors étendons l’échange érotique à tout le corps et à tous les sens. Être sensuel, plus facile à la femme qu’à l’homme, est avant tout une disposition d’esprit. Pour y accéder, voici une « méthode » (appelée le sensualisme par Gérard Leleu) :

–retrouver la virginité des sens : en s’efforçant de recouvrer « le regard d’un enfant au réveil ».

–vivre l’instant : la sensation est maximale quand la conscience est braquée sur l’instant présent.

–être attentif : choisir d’être attentif à un sens facilite la transmission et la réception des messages correspondants.

–s’abandonner : pour avoir du plaisir il faut lâcher tout, laisser le corps vibrer au rythme des excitations et manifester sa joie, son plaisir, son amour.

–du temps pour jouir : l’homme actuel vit sur un rythme trop rapide qui ne lui laisse pas le temps de vivre, c’est-à-dire de sentir et de jouir. La rapidité est incompatible avec la sensualité.
9-L’amour fait main :

le besoin de caresses (de stimulations cutanées) est un besoin physiologique fondamental. La caresse gratuite (sans intention de coïter) est l’une des plus belles réalisations des couples heureux. La relation physique entre la femme et l’homme peut consister en un échange de caresses données gratuitement, sans intention de coïter. La caresse gratuite permet le bien-être et l’intime rapprochement. En laissant de côté de temps en temps la pénétration, les amants explorent d’autres domaines sensuels et réinventent les gestes, les mots, les regards, recréant ainsi une autre façon de faire l’amour.

Les femmes aiment les caresses ; elles les recherchent en tant que telles et non forcément comme préliminaires à l’acte sexuel. Le toucher est aussi important pour elles que la pénétration et elles conçoivent parfaitement qu’on puisse s’adonner aux jeux de peau sans songer au sexe. Les hommes, eux, ont quelques difficultés à limiter les échanges sensuels aux seules caresses de la peau. Ils ont toujours envie d’aller « jusqu’au bout ».

10-les accessoires du désir :

pour exciter son désir on peut se servir d’images ou d’objets (revues, livres, vidéos, vibromasseur et autres gadgets).
11-la puissances des fantasmes :

le fantasme est une mise en scène de nos désirs au fond de notre conscience : c’est un scénario produit par notre imaginaire. Cette fiction est d’une puissance remarquable, elle procure des émotions aussi fortes qu’un fait réel. Tout le monde a des fantasmes (ce n’est pas le lot des frusttrés ou des pervers) ce qui est une bonne nouvelle car c’est un des principaux composants de la vie érotique. Certains fantasmes sont doux, d’autres plus osés (telles les scènes ou l’on est voyeuriste, exhibitionniste ou homosexuel ou prostituée ; des scènes ou l’on est violé ou que l’on fait l’amour avec plusieurs partenaires). La source de nos fantasmes est dans notre moi profond. On peut, pour dynamiser et nourrir notre imaginaire, recourir à la cinématographie ou à la littérature érotique.

Les fantasmes sont nécessaires à notre vie sexuelle car ce sont des amplificateurs du désir ; sous leur impulsion, l’excitation passe à la vitesse supérieure. Nous avons souvent de la difficulté à accueillir nos fantasmes ; difficile d’accepter que l’on ait des aspects « pervers » ou violent. Et pourtant ils nous permettent de nous libérer de nos entraves morales et nous autorisent à nous abandonner sans retenue à l’activité amoureuse. Certains fantasmes se vivent dans le secret de notre mental, la scène reste en nous. En revanche, d’autres scénarios peuvent se jouer à deux.

Notons que les fantasmes peuvent contribuer au sauvetage des couples usés, non seulement parce qu’ils renouvellent le désir, mais aussi parce qu’ils permettent de faire l’économie d’une activité extra-conjugale : le fantasme d’adultère offre une transgression qui peut éviter de réaliser l’adultère.